Prolétaires, camarades,
souvenez-vous de la lutte des prolétaires immigrés de Rosarno (dans le Sud d’Italie), de leur détermination contre l’exploitation, contre l’indifférence et l’hostilité qui les entouraient? Ils ont defié un monde qui les opprimait, composé des petits chef et des forces de l’ordre, des patrons et des organisations syndicales, qui les ont toujours tenus à l’écart des autres prolétaires, de peur qu’ils ne s’allient spontanément avec eux contre l’ordre social existant.
Ils avaient déjà leur permis de séjour et n’avaient donc pas besoin d’en demander un pour travailler, ce n’était pas pour cela qu’ils revendiquaient, pas pour cela qu’ils luttaient: c’était pour lutter contre l’exploitation bestiale qu’ils subissaient dans leurs conditions de vie et de travail. Au cours de leur lutte, ils ont vu clairement que dans le régime du capitalisme, permis de séjour ou pas, on ne peut vivre une vie qui vaut la peine d’être vécue si on ne combat pas ce régime jusqu’à sa destruction.
Prolétaires, camarades,
la lutte que vous avez enterprise pour obtenir le “bout de papier” ne peut que vous placer legalement dans la condition d’esclaves salariés, celle-là même à laquelle sont soumis les prolétaires du pays. Certes, vous vous débarrassez du statut de clandestin créé précisement pour vous obliger à mendier et à accepter des salaires de misère, des logements pourris, des contrôles de police, à accepter d’être jetés à la rue pour finir enfermés dans des centres de contrôle et d’expulsion. Rien ne pourra nous empêcher d’apporter notre soutien à la lutte que vous avez entreprise. Cette lutte, lancée avec le plus grand courage mais aussi dans le plus grand isolement, est pourtant condamnée à la défaite si elle n’est pas accompagnée par une plus vaste mobilisation de toute la classe ouvrière, qui ainsi évitera de se condamner à définir sa propre humanité dans le “poste de travail”, dans la galère de la production. Dans ces conditions, votre isolement ne peut être dépassé par une trop facile solidarité charitable: il ne peut être dépassé si l’on ne crée pas un front unitaire de lutte qui cherche à élargir son territoire de lutte et à organiser une riposte intransigeante – une organisation internationaliste unitaire, caracterisée par des méthodes de lutte de classe et les revendications immédiates suivantes:
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Refus, de manière organisée, de tous les contrôles, de toutes les persécutions, expulsions, et de l’enfermement des travailleurs immigrés
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Permis de séjour pour tous, sans limitation de durée ni de lieu
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Front unitaire de lutte internationaliste
Parti communiste international
(Cahiers Internationalistes)